Abstraction de notre imaginaire politique

AEHJ
2 min readJan 5, 2021

La manière dont nous nous représentons nos positions politiques fait appel à un imaginaire hérité de la Révolution française.

Des représentations plus modernes ont souhaité ajouter une nuance nécessaire en découplant l’axe droite/gauche en axe social versus axe économique.

Ce que je voudrais apporter ici est une clé de compréhension de notre imaginaire politique contemporain dans l’objectif de mettre à jour le spectre de représentation courant, en le débarrassant de ses contingences historiques.

Il existe deux leviers d’action fictifs que l’humain s’est inventé pour donner sens à la vie.

Fictifs car d’abord, leur démonstration scientifique est impossible. Ensuite, leur force d’action sur le monde physique est en réalité très limitée pour ne pas dire nulle. La seule valeur de ces leviers est donc symbolique.

En d’autres termes, ils rendent l’existence humaine vivable.

Les sociétés humaines se sont donc inventées ces deux leviers d’action: le premier étant le rapport à l’arbitraire. Le second, le rapport à l’ambivalence.

L’arbitraire est relatif à ce qui est communément appelé Nature, monde physique ou univers. La relation que l’humain entretient avec cet arbitraire définit une partie de ses penchants idéologiques et de ses préférences politiques.

Il y a deux manières de réagir à cet arbitraire: l’acceptation ou le rejet.

L’un comme l’autre ne change rien au cours des choses, d’où l’importance de souligner l’aspect symbolique de cette relation.

Toutefois, selon que l’on accepte ou que l’on rejette le caractère arbitraire du monde physique, une série de particularités se manifestent chez l’individu pouvant s’interpréter comme des couleurs idéologiques.

Par exemple, l’acceptation de l’arbitraire peut se traduire par la croyance à des forces suprêmes qui requiert une soumission inévitable, ou par l’idolâtrie du hasard avec comme conséquence l’adhésion aux systèmes d’organisation socio-économique, basés sur la suprématie de l’aléatoire.

À l’inverse, le rejet de l’arbitraire peut se manifester par l’expression d’un contrôle plus ou moins démesuré du monde physique ou par la défiance contrarienne à un prétendu “ordre naturel”, qui n’est en réalité rien d’autre que de l’arbitraire.

Par ambivalence, je veux dire le caractère multiple et changeant des individus, qui peuvent aller d’un point à son exact opposé. Être quelque chose et en même temps son contraire. L’humain étant exactement capable de toutes les différences et de toutes les contradictions. Du meilleur comme du pire.

La réaction à cette ambivalence est également un rapport d’acceptation versus rejet. Plus il est en refus, plus l’individu est dans la punition et le contrôle. Ceci pouvant également se manifester par le rejet de la coopération, voire par l’individuation exacerbée ou l’isolation sociale.

Inversement, l’acceptation de l’ambivalence peut s’exprimer par des formes plus ou moins vastes de tolérance et de résilience ou dans d’autres cas, par l’indifférence ou l’évitement.

Il est donc, à mon sens, plus exact d’utiliser comme axes, ces deux leviers plutôt que des termes de type gauche/droite ou autoritarisme/libertarianisme.

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AEHJ

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